À peine arrivé en librairie, Alchemised s’est retrouvé au cœur d’une importante controverse. Adapté d’une fanfiction Harry Potter culte, Manacled, le roman fait beaucoup parler de lui non seulement pour son succès, mais surtout pour les débats qu’il déclenche au sein de la communauté littéraire en ligne. Retour sur les informations à connaître pour bien comprendre les débats autour d’Alchemised de SenLinYu.
Alchemised, une fanfiction Harry Potter devenue best-seller

À l’origine, Alchemised n’était pas un roman indépendant, mais une fanfiction intitulée Manacled, centrée sur le couple Dramione (Draco Malfoy et Hermione Granger). Pour sa publication officielle, l’auteurice, SenLinYu, a supprimé tout lien direct avec l’univers de J.K. Rowling afin d’éviter les problèmes légaux et éthiques. Pourtant, sur les réseaux, la confusion persiste. L’auteurice iel-même entretient ce lien en repartageant parfois du contenu qui fait explicitement référence à ses origines Harry Potter. De quoi susciter l’interrogation puisqu’iel a explicitement dit vouloir prendre ses distances avec l’autrice de la saga Harry Potter.
J.K. Rowling, un contexte polémique impossible à ignorer
Ce choix est particulièrement sensible aujourd’hui. Les prises de position publiques de J.K. Rowling sur les questions transgenres divisent profondément le lectorat. Pour une partie conséquente des lecteurs et des lectrices, tout projet qui continue de puiser dans l’imaginaire de la saga contribue, de près ou de loin, à renforcer la notoriété de J.K. Rowling. Résultat : impossible de séparer totalement Alchemised de ce contexte polémique, qu’on le veuille ou non.
Un marketing qui joue sur l’ambiguïté Harry Potter ?
Ce qui accentue la colère, c’est la communication autour du livre. D’un côté, les éditeurs, en particulier en version originale, mettent en avant une œuvre « totalement originale ». De l’autre, les mises en avant, les visuels et certains pitchs promotionnels surfent clairement sur la nostalgie Harry Potter pour séduire la fanbase. Ce double discours alimente un sentiment d’hypocrisie : comment prétendre s’émanciper d’un univers tout en continuant de l’invoquer pour vendre ?

Un marketing qui s’impose malgré l’éditeur ?
Le flou ne vient pas uniquement de l’éditeur ou de l’auteurice. En réalité, l’éditeur n’a même pas besoin de mentionner Harry Potter : le simple fait d’avoir choisi de publier Manacled suffit à déclencher la machine médiatique. Toute la communauté littéraire – presse, blogs, réseaux sociaux – évoque naturellement cet héritage pour expliquer le phénomène Alchemised. Résultat : la saga de J.K. Rowling devient un argument promotionnel implicite, sans que l’éditeur ait à le revendiquer. Et en cas de critique, il peut toujours se défendre en affirmant : « Ce n’est pas nous qui en avons parlé. » À noter qu’on parle ici d’Alchemised, mais que cela concerne également Rose in Chains, une autre fanfiction Dramione éditée cet automne.

Une communauté divisée face à Alchemised
Sur TikTok, sur Threads et sur bien d’autres réseaux, les réactions s’enchaînent. Certains défendent le droit d’une fanfiction à exister par elle-même et à rencontrer un nouveau public. D’autres dénoncent une récupération commerciale qui instrumentalise la nostalgie Harry Potter au moment même où une grande partie de la communauté cherche à s’en détacher. Dans les deux cas, Alchemised a réussi une chose : devenir le livre dont tout le monde parle.