Sorti depuis plusieurs mois en français chez Hugo Roman, L’Avarice d’Ana Huang continue de faire réagir la communauté romance. Le troisième tome de Kings of Sin suscite des avis particulièrement contrastés, oscillant entre fascination et frustration, preuve que le roman touche quelque chose de sensible dans la façon dont la romance raconte aujourd’hui les relations adultes.
L’Avarice d’Ana Huang : un troisième tome qui dérange autant qu’il captive

Depuis sa sortie en France, L’Avarice, le troisième tome de Kings of Sin, est devenu l’un des sujets romance les plus débattus sur BookTok et Bookstagram. Les discussions ne se sont pas essoufflées avec le temps : au contraire, le roman continue de provoquer des réactions contrastées, parfois extrêmes.
La raison est simple : Ana Huang délaisse ici la mécanique addictive et glamour de ses précédents tomes pour proposer un récit plus mature, plus nuancé, et surtout plus risqué. Là où de nombreux auteurs misent sur l’intensité romantique et les rebondissements, Ana Huang fait le choix inverse : un couple déjà construit, déjà abîmé, déjà au bord de l’effondrement.
Ce choix, audacieux pour une saga aussi populaire, explique en grande partie la polarisation des lecteurs.
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Une romance qui commence par un divorce : un pari narratif rare

L’Avarice ne s’ouvre pas sur une rencontre ni sur un flirt, mais sur une séparation. Dominic et Alessandra Davenport ne sont pas au début de leur histoire : ils en sont à la faille.
Ce point de départ déstabilise, car il rompt avec les codes de la romance contemporaine, où la « second chance » prend souvent la forme de retrouvailles après des années. Ici, la rupture est immédiate, brute, presque intime. Elle oblige le lecteur à entrer directement dans la douleur, dans l’usure, dans le trop-plein émotionnel.
C’est précisément ce réalisme qui dérange autant qu’il captive. Certains saluent cette honnêteté rare dans un marché où les romances tendent à lisser les aspérités. D’autres y voient un manque d’évasion, voire une lecture trop éprouvante.
Pourquoi L’Avarice divise : un tome plus adulte, plus lent, plus intime ?
Ce que montre L’Avarice, c’est le moment où l’amour ne disparaît pas, mais s’étouffe. Dominic ne cesse pas d’aimer Alessandra. Alessandra ne cesse pas d’aimer Dominic. Ce qui s’effrite, c’est la capacité à vivre ensemble, dans un quotidien où les choix de l’un écrasent lentement l’autre.
Ce traitement mature séduit une partie du lectorat, qui y trouve une profondeur absente de certaines romances plus traditionnelles. D’autres reprochent au roman son rythme, son introspection, et le fait qu’il délaisse le « fun » caractéristique du genre pour s’aventurer sur un terrain émotionnel plus gris, plus complexe. Là où certains y lisent une exploration nécessaire de l’amour adulte, d’autres semblent presque trahis par ce virage narratif.
Un couple de plus de trente ans : un choix générationnel qui change tout

Contrairement à la plupart des romances new adult, Dominic et Alessandra sont dans la trentaine, avec un parcours de vie déjà chargé. Ils se connaissent depuis longtemps, ils ont vécu ensemble, et ils ont accumulé des attentes, des frustrations, des compromis.
Ce choix résonne fortement auprès d’un lectorat lui-même plus mature, qui retrouve dans L’Avarice une résonance émotionnelle différente : celle d’un couple qui ne s’aime pas « mal », mais qui s’aime « usé« .
Pour d’autres, habitués à des intrigues plus dynamiques, cette tonalité adulte peut sembler moins addictive. Le débat naît ici : faut-il que la romance reflète la réalité, ou qu’elle propose un espace d’évasion ?
L’Avarice, un tome pivot dans la saga Kings of Sin
Avec L’Avarice, Ana Huang opère un tournant. Elle prouve qu’elle peut aller au-delà du schéma ultra-efficace qui a fait la popularité de Kings of Sin et offrir un récit plus exigeant, plus ancré, presque inconfortable.
Ce virage explique pourquoi le roman continue d’être discuté des mois après sa sortie. On ne sort pas indemne de ce tome, que ce soit pour l’encenser ou le critiquer. Et c’est peut-être ce qui en fait l’un des volumes les plus importants de la saga : un tome qui questionne, qui dérange, qui divise, et qui, surtout, reste en tête.


