Ils reviennent du front avec des cicatrices visibles et invisibles. Ils sont durs, silencieux, parfois hantés. Et, pourtant, dans les romans historiques, ils font souvent fondre les lecteurs et les lectrices. D’où vient cette obsession pour les héros soldats ?
Le retour de guerre comme mythe romantique
Depuis les débuts de la romance historique, le soldat incarne une figure à part. Ce n’est pas seulement un homme en uniforme, c’est un survivant. Il a vu la mort, affronté le chaos, et revient dans une société qui ne sait plus très bien comment l’accueillir. Cette brisure le rend immédiatement « romanesque ».
La guerre agit comme un déclencheur narratif : elle éloigne les personnages, crée un avant et un après, génère des secrets, des promesses, des regrets. Et, quand le soldat revient, c’est rarement en homme indemne. Il porte en lui la tension parfaite entre force et fragilité. Et ça, la romance adore, qu’elle soit historique ou non.
Un héros qui souffre, mais qui aime encore ?

Ce que le lecteur ou la lectrice vient chercher, ce n’est pas uniquement un passé militaire glorieux. C’est l’impact intime de la guerre. Le soldat est souvent l’un des rares personnages masculins du genre à pouvoir montrer une vulnérabilité extrême sans perdre sa légitimité romantique (même si ce genre de vision commence à être vraiment dépassé dans la romance actuelle). Il peut être perdu, colérique, distant, voire brisé. Néanmoins, au fond, dans toutes les romances historiques, ce qu’on attend, c’est qu’il finisse par s’ouvrir à l’amour.
L’histoire d’amour devient alors une forme de guérison. Pas une thérapie magique, mais un chemin partagé vers quelque chose de plus doux. Le héros soldat ne sauve pas l’héroïne. Il est souvent celui qui doit être sauvé, ou du moins compris. Rappelons néanmoins que ce schéma narratif commence à questionner en 2025, dans une époque où l’on tente justement de briser les idées préconçues imposées, entre autres, par le patriarcat.
Un personnage qui se distingue du noble arrogant ou manipulateur ?
Dans les romances historiques, le soldat échappe parfois aux clichés du noble arrogant ou du lord manipulateur. Il vient d’un autre monde, plus rude, plus réaliste. Il ne maîtrise pas toujours les codes sociaux de la haute société, ce qui permet à l’intrigue de jouer sur les écarts de classe, les malentendus, la tension entre deux univers.
Toutefois, ce qui séduit, au fond, c’est que son statut n’est pas héritée de sa naissance, mais de son expérience. Il a combattu. Il a forcément perdu quelque chose au front. Il revient avec de l’humilité, de la colère, de la peur. L’amour devient alors pour lui une conquête bien plus difficile que n’importe quelle bataille.
Une figure qui persiste, même en 2025 ?
Même si les tropes évoluent, la figure du soldat continue de hanter la romance historique. Certains récits modernes revisitent cette figure avec plus de nuance, en abordant directement le stress post-traumatique, l’alcoolisme, la culpabilité. D’autres préfèrent rester dans une esthétique plus romancée, mais intègrent désormais le consentement et la communication dans le développement amoureux.
Ce personnage incarne aujourd’hui encore un mélange d’intensité, de loyauté et de douleur qui touche un large lectorat. Ce héros reste un archétype solide, capable de porter des récits complexes, intimes, et profondément humains.

