Pendant longtemps, la fantasy et la romance ont été associées à des récits intenses : des destins tragiques, des héros tourmentés, des mondes en guerre. Toutefois, depuis quelque temps, un nouveau sous-genre s’impose discrètement dans les rayons : la cosy romantasy. Des livres qui mélangent magie douce, romance slow burn, et un ton résolument réconfortant. Un phénomène qui, loin d’être anecdotique, révèle très certainement quelque chose de plus profond dans notre rapport à la lecture.
Pourquoi la cosy romantasy séduit de plus en plus de lecteurs en quête de réconfort ?
Dans un contexte de crises multiples – écologique, politique, économique – les lecteurs et lectrices cherchent de plus en plus à échapper à la dureté du quotidien (et c’est totalement compréhensible). En pratique, tous les genres ne remplissent pas ce rôle de la même manière. La dystopie nous permet de sublimer nos angoisses. Le thriller nous donne une dose d’adrénaline maîtrisée.
De son côté, la cosy romantasy, elle, propose une alternative douce : une lecture sans danger, sans drame insoutenable, où l’on sait que tout ira bien. C’est le retour de la lecture doudou, de la romance feel-good, le tout dans un univers fantasy.
Cosy romantasy : un sous-genre apaisant aux codes narratifs bien établis
Ce qui caractérise la cosy romantasy, c’est cette volonté d’instaurer un cadre sécurisant. Les enjeux sont souvent limités à une échelle intime : trouver sa place, affronter ses émotions, résoudre des conflits de voisinage dans un village enchanté (pour ne citer que quelques exemple parmi beaucoup d’autres).
Le suspense laisse place à l’attachement. Les rebondissements sont maîtrisés, l’humour est souvent omniprésent, et les personnages ne sont pas là pour souffrir – juste pour grandir un peu. On y retrouve des archétypes familiers, des dynamiques rassurantes, et souvent une romance lente, pleine de maladresses tendres.
Lire pour se sentir mieux : comment la cosy romantasy s’inscrit dans une logique de prendre soin de soi
La montée en puissance de la cosy romantasy s’inscrit dans un mouvement plus large : celui du slow living, de la santé mentale et du droit au réconfort. Lire devient une manière de prendre soin de soi. Ces romans, avec leurs décors apaisants et leur magie du quotidien, deviennent des refuges émotionnels. Et ce n’est pas un hasard si leurs lecteurs en parlent souvent avec les mêmes mots que ceux qu’on utilise pour décrire un thé chaud, une couverture mignonne ou une journée pluvieuse sous un plaid.
Cosy romantasy : une légitimité encore fragile dans les sphères littéraires classiques
Pourtant, comme toutes les lectures dites « faciles », la cosy romantasy peine encore à s’imposer dans les médias littéraires traditionnels. Elle est parfois considérée comme mineure, trop légère, voire « inintéressante ». D’autant que, en France, on peine encore à considérer la romance ou la littérature de l’imaginaire comme des genres à part entière.
Toutefois, cette légèreté apparente cache une vraie finesse dans la construction des émotions, des dialogues, et des univers. Ces livres assument leur fonction de refuge – et c’est peut-être ce qui les rend essentiels aujourd’hui.
Alors non, la cosy romantasy n’est pas un simple effet de mode. C’est avant tout une réponse sensible, sincère et littéraire à un monde qui fatigue. Une façon douce de continuer à croire en la fiction, sans s’y perdre.
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