La romance connaît un essor sans précédent, portée par BookTok et par une communauté de lectrices et lecteurs toujours plus engagée. Depuis quelques mois, une tendance attire l’attention : l’ouverture de librairies exclusivement dédiées à la romance. Toutefois, derrière l’enthousiasme, une question persiste : s’agit-il d’un effet de mode ou d’un modèle qui s’inscrit dans la durée ?
Un phénomène visible aux États-Unis comme en France
Aux États-Unis, des enseignes comme Meet Cute Romance Bookshop à San Diego ou Love’s Sweet Arrow à Chicago sont devenues des lieux emblématiques pour les passionnés du genre. Leur succès repose sur une offre ciblée et une identité forte, qui en font bien plus que de simples librairies : de véritables espaces communautaires.
Le phénomène commence également à se développer en France. Ces derniers mois, plusieurs librairies spécialisées dans la romance ont vu le jour à Paris, Lyon ou Lille, avec une volonté affichée de répondre à une demande jusqu’ici sous-représentée dans les librairies traditionnelles. Des grands noms du secteur du livre tentent en outre de suivre le mouvement, à l’image de Gibert Joseph qui vient d’ouvrir à Paris son tout premier Gibert Romance.
Ces lieux assument pleinement leur orientation et proposent souvent des animations, des clubs de lecture et des rencontres avec des autrices, renforçant leur rôle de point de ralliement pour une communauté très active.
Un modèle porté par la communauté BookTok et Bookstagram ?

L’explosion des ventes de romance, en particulier chez les jeunes adultes, est étroitement liée à l’influence des réseaux sociaux. BookTok, en particulier, a contribué à remettre des autrices comme Colleen Hoover, Ali Hazelwood ou encore Sarah Rivens au centre des conversations.
Ces librairies surfent sur une dynamique communautaire : elles offrent aux fans de romance un espace où ils se sentent compris, loin des jugements parfois portés sur le genre. Cela crée une relation forte entre libraires et clientes, fondée sur un sentiment d’appartenance qui dépasse la simple transaction commerciale.
Vers une implantation durable ?
La romance est aujourd’hui l’un des genres le plus vendus au monde, et son dynamisme ne montre, pour l’instant, aucun signe d’essoufflement. Toutefois, la multiplication des projets soulève une interrogation : toutes les villes peuvent-elles réellement accueillir plusieurs librairies spécialisées ? Le risque de saturation existe, surtout si l’ouverture de certains lieux repose davantage sur l’enthousiasme du moment que sur une étude de marché solide.
Pour durer, ces librairies devront se démarquer, que ce soit par leur sélection éditoriale, par leur capacité à fédérer une communauté, ou par des services complémentaires (événements, cafés littéraires, collaborations avec des maisons d’édition). Le modèle semble prometteur, mais il nécessitera des fondations solides pour survivre à l’effet de mode.

