S’il y a bien un trope qui règne sans partage sur les romances de Noël, c’est celui du duo explosif « je déteste Noël / j’adore Noël ». Un grumpy convaincu qu’aucune guirlande ne peut sauver l’année, face à un sunshine persuadé que la magie des fêtes peut réparer n’importe quel cœur cabossé. Pourquoi ce schéma fonctionne-t-il aussi bien ? Et pourquoi revient-il chaque année, plus fort encore que le chocolat chaud à la cannelle ? Décryptage du trope le plus irrésistible de décembre.
Le clash parfait : quand un Grinch rencontre une fée de Noël
Le trope grumpy x sunshine existe dans la romance depuis longtemps, mais il trouve à Noël un terrain de jeu absolument idéal. D’un côté : le personnage grumpy, saturé par les chants festifs, les décorations clignotantes, les marchés de Noël surpeuplés. Bref, quelqu’un pour qui décembre est une épreuve plus qu’autre chose. De l’autre : le sunshine, souvent un mordu de Noël, capable de pleurer devant un sapin, de réchauffer n’importe quelle pièce simplement en y entrant et de défendre la féerie hivernale avec une mauvaise foi délicieuse.
Ce contraste immédiat crée de l’électricité narrative. Noël exacerbe les différences, arrondit les angles… ou les froisse encore un peu plus avant la réconciliation finale. Au final, c’est exactement ce que le public vient chercher.

Pourquoi ce trope marche encore (et toujours) à Noël ?
La clé, c’est la tension permanente entre deux visions du monde. Dans une romance de Noël :
- le « je déteste Noël » devient une posture défensive,
- le « j’adore Noël » devient un acte de résistance joyeuse.
Le trope fonctionne parce que Noël, en littérature, n’est jamais qu’un décor : c’est une métaphore des attentes sociales, des souvenirs d’enfance, des blessures qu’on traîne, du désir de recommencer quelque chose à zéro.
Quand un grumpy grogne devant une guirlande, il grogne rarement contre la guirlande. Il grogne contre ce qu’elle représente. Et c’est là que le sunshine intervient, non pas pour « sauver » l’autre, mais pour révéler ce qu’il cache sous cette couche de cynisme soigneusement entretenue.
Des exemples qui illustrent parfaitement la dynamique ?
La saison 2024 regorge d’exemples où le trope « je déteste Noël / j’adore Noël » est central dans le succès du livre. Quelques titres marquants :
- Merry Bloody Christmas de Gwendoline Rose : c’est probablement l’exemple le plus pur du trope. Lui déteste Noël, elle le revendique comme philosophie de vie. Leur opposition est frontale, presque idéologique, et c’est ce qui fait monter la tension romantique.
- My Fucking Santa Niklaus d’Élodie Dieudonné : un héritier du Père Noël qui rejette totalement sa fonction, face à une héroïne qui a de nouveau besoin de croire à la magie. Ici, la dynamique grumpy x sunshine bascule parfois dans l’absurde, et c’est précisément ce qui lui donne de la fraîcheur.
- Les comédies romantiques type Hallmark revisitées : qu’il s’agisse d’un patron grincheux, d’un écrivain désabusé ou d’un voisin grognon contraint de participer à des activités festives, on retrouve chaque année le même plaisir coupable : voir un cœur gelé se réchauffer à mesure que les lumières s’allument.
Ce trope revient sans cesse parce qu’il offre un arc narratif simple et puissant : passer du rejet à l’acceptation, de la solitude au partage, d’un hiver intérieur à une forme de lumière.

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Le trope grumpy x sunshine, miroir de nos propres contradictions

Ce qui rend ce trope si universel, ce n’est pas la caricature du grincheux ni la naïveté du rayon de soleil. C’est qu’il reflète un conflit très réel : chacun oscille entre désillusion et espoir, cynisme et douceur, fatigue et envie de croire encore un peu.
Noël cristallise ce tiraillement. Le lecteur sympathise avec le grumpy parce qu’il reconnaît la pression sociale, la saison hyper-commerciale, les injonctions à être heureux. Cependant, il admire le sunshine parce qu’il incarne le droit de continuer à rêver malgré tout.
Entre les deux, il y a un espace émotionnel dans lequel la romance s’épanouit, un espace où l’on peut être fatigué du monde tout en ayant envie d’y trouver un peu de chaleur.
Grumpy x Sunshine : pourquoi ce trope va continuer à dominer les romances de Noël ?
Tant que Noël restera un mythe collectif, le trope grumpy x sunshine restera son moteur narratif le plus efficace. Parce qu’il :
- met en scène un conflit immédiatement identifiable,-
- crée du rythme,
- favorise les scènes iconiques (le sapin à décorer ensemble, la dispute dans la neige, le premier baiser sous les lumières),
- et joue sur la transformation personnelle autant que sentimentale.
Chaque année, les auteurs et les autrices trouvent de nouvelles variations : ajouter de la magie, du cosy mystery, de la fantasy, de la satire, mais la dynamique de base, elle, reste infaillible. Le public ne s’en lasse pas, parce qu’il ne s’agit pas simplement de Noël. Il s’agit de voir deux visions du monde s’apprivoiser — et ça, c’est valable en décembre comme tout le reste de l’année.
Notre sélection express de romance grumpy x sunshine pour Noël :
- My Fucking Santa Niklaus d’Élodie Dieudonné : disponible sur la FNAC, Cultura et Amazon.
- Merry Bloody Christmas de Gwendoline Rose : disponible sur la FNAC, Cultura et Amazon.
- Santa Cruise de Flora Peony (publie averti) : disponible sur la FNAC, Cultura et Amazon.
- Noël au café des oracles d’Aurélie Garlech : disponible sur la FNAC, Cultura et Amazon.
- La neige au rendez-vous d’Esmé Planchon : disponible sur la FNAC, Cultura et Amazon.

